Libération!
Le Canada et les Pays-Bas
1944-1945
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Canadiens ont joué un rôle important dans la libération des Pays-Bas, alors occupés par les Allemands. Ainsi se sont noués des liens durables entre les deux nations.
Des soldats canadiens ont débarqué en France le jour J – le 6 juin 1944 – et ont participé à la campagne de Normandie tout au cours de l’été. Ils ont ensuite avancé vers le nord-est, traversant la France, la Belgique et les Pays-Bas.
En octobre et novembre 1944, les forces canadiennes et alliées ont vaincu les Allemands qui bloquaient l’estuaire de l’Escaut. Cela a permis la libération de certaines régions du sud des Pays-Bas et a donné aux navires alliés accès au port d’Anvers, en Belgique, qui était d’une grande importance stratégique. Ayant progressé jusqu’en Allemagne au début de 1945, les forces canadiennes et alliées ont libéré de grandes parties des Pays-Bas en avril et mai.
Des combats acharnés
En 1944 et 1945, dans les Pays-Bas densément peuplés, les Canadiens ont dû relever un défi : libérer des villages, des villes et des fermes sans avoir recours à une puissance de feu démesurée, pour éviter de tuer des civils. C’était le cas notamment en avril et mai 1945.
Donald I. Grant/Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-130059
1944
L’Escaut
La Première Armée canadienne, composée d’unités canadiennes, britanniques et polonaises, s’est battue pour dégager l’estuaire de l’Escaut.
La bataille de l’Escaut
Les forces britanniques et belges ont libéré le port d’Anvers, en Belgique, le 4 septembre 1944. Pour bloquer l’accès au port, les Allemands ont renforcé leurs défenses au nord de la ville et dans l’estuaire de l’Escaut, à l’ouest d’Anvers. La Première Armée canadienne, qui comptait aussi des unités britanniques et polonaises, a dû repousser les Allemands.
Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-131252
Victoire dans l’Escaut
Durant les combats brutaux dans l’estuaire de l’Escaut, les Alliés ont eu recours à des bombardiers pour détruire des digues et inonder l’île de Walcheren, solidement fortifiée.
Le 8 novembre 1944, ils avaient vaincu les derniers défenseurs allemands. Au sein de la Première Armée canadienne, pour les cinq semaines de combats, le bilan s’élevait à près de 13 000 morts, blessés ou disparus, dont 6 367 Canadiens.
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre 19890223-684
Miller Brittain
Le 29 octobre 1944, les défenses allemandes dans l’île de Walcheren ont été bombardées peu avant le débarquement de forces amphibies britanniques. Pour Miller Brittain, viseur de lance-bombes canadien, ce raid s’inscrivait dans une série intensive d’opérations. « Nous sommes occupés depuis notre retour de congé [...] », a-t-il écrit. « La semaine dernière, nous sommes allés à Cologne deux fois, à Düsseldorf et à Bochum. […] Nous sommes aussi allés en Hollande, mais ça ne vaut quasiment pas la peine de le mentionner après les autres. »
Plus tard, Brittain est devenu artiste de guerre officiel. Ses œuvres font partie de la collection du Musée.
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre 19770102-008
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre 19770102-006
Libération, 1944
La bataille de l’Escaut et d’autres opérations alliées ont permis le début de la libération des Pays-Bas au cours de l’automne et de l’hiver 1944. À Noël, après quatre ans d’occupation allemande, certaines régions du pays ont célébré leur liberté.
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre 20060165-003
1945
Libération
En avril 1945, la Première Armée canadienne a avancé rapidement vers le nord, mettant fin à cinq années d’occupation allemande dans d’autres parties des Pays-Bas, et fournissant de la nourriture et des soins médicaux à la population affamée.
Le camp de transit de Westerbork
En avril 1945, des Canadiens ont libéré le camp de transit de Westerbork, aux Pays-Bas. Dans le cadre de l’Holocauste, quelque 100 000 juifs, ainsi que des centaines de Roms et de Sintis, avaient été détenus dans ce camp avant d’être envoyés à des camps de concentration et d’extermination allemands situés un peu partout en Europe.
NIOD, Beeldnummer 66445
Anne et Margot Frank
La persécution des juifs par les Allemands s’intensifiant aux Pays-Bas en 1942, Anne et Margot Frank, adolescentes néerlandaises, et leur famille sont entrées dans la clandestinité avec d’autres personnes. Après leur capture en août 1944, ils ont tous été détenus à Westerbork. Plus tard, Anne et Margot ont été envoyées à Bergen-Belsen, où elles ont succombé au typhus au début de 1945.
Aujourd’hui, leur épreuve est connue partout dans le monde grâce à la publication du journal d’Anne, qui est devenu un célèbre témoignage sur l’Holocauste.
Photo Collection Anne Frank Stichting (Amsterdam)
Photo Collection Anne Frank Stichting (Amsterdam)
« L’hiver de la faim »
En représailles à une grève ferroviaire qui a nui à son effort de guerre, l’Allemagne a arrêté les expéditions de nourriture destinées à l’ouest des Pays-Bas, créant « l’hiver de la faim » en 1944-1945. Au printemps 1945, des millions de civils néerlandais risquaient de mourir de faim. Les Alliés ont pris des mesures en vue d’un approvisionnement alimentaire d’urgence, qui a commencé avant la fin des hostilités.
Alexander M. Stirton/Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-134417
Les opérations Manna et Chowhound
Cette plaque commémorative en céramique des Pays-Bas rappelle les opérations Manna et Chowhound, au cours desquelles des bombardiers britanniques et américains ont largué de la nourriture dans des villes néerlandaises occupées et les environs. Le 405e escadron de l’Aviation royale du Canada a aidé à cerner les zones de largage à l’intention des bombardiers britanniques qui, souvent, comptaient des Canadiens au sein de leur équipage.
Musée canadien de la guerre 20150366-007
James McGinnis
James McGinnis s’est enrôlé dans l’Armée canadienne en 1942. Il a servi en tant que conducteur de camion depuis l’invasion de la Normandie, en juin 1944, jusqu’à la fin de la guerre en Europe.
Au début de mai 1945, il a été parmi ceux qui ont livré de la nourriture aux civils affamés ayant subi « l’hiver de la faim » en 1944-1945 dans des régions occupées par les Allemands. La gratitude de la population néerlandaise a fortement marqué McGinnis.
Présentée avec l’aimable autorisation de la famille McGinnis
« Le doux printemps »
En avril et mai 1945, les forces canadiennes et celles d’autres pays alliés ont été chaleureusement accueillies par les Néerlandais, libérés après l’occupation allemande, qui a duré environ cinq ans. Des foules joyeuses ont déferlé dans les rues, se pressant autour des libérateurs pendant cette période qu’on appelle maintenant « le doux printemps ».
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre 19920085-1384
La capitulation des forces allemandes
Le 5 mai 1945, le général canadien Charles Foulkes a accepté la capitulation des forces allemandes aux Pays-Bas, à Wageningen. Le matin, la Première Armée canadienne a reçu l’ordre de cesser toutes ses opérations offensives.
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre 19801063-044_18c
Un été paisible
Les mois qui ont suivi ont été surnommés « l’été canadien » en raison du nombre important de militaires canadiens aux Pays-Bas à la fin de la guerre en Europe. Au terme de près de cinq ans d’occupation allemande, la paix a été accueillie avec joie.
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre 20110057-021_21a
Farley Mowat
Farley Mowat était parmi les Canadiens aux Pays-Bas. Il dirigeait une équipe qui recueillait du matériel et des armes des forces allemandes en vue de leur évaluation technique ou de les garder comme trophées de guerre.
Plusieurs de ces objets font maintenant partie de la collection du Musée canadien de la guerre, dont un canon automoteur antichar qui est exposé dans la galerie LeBreton. Selon le rapport de Mowat, le canon a été saisi par la 4e division blindée canadienne près de Wilhelmshaven.
Après la guerre, Mowat est devenu un auteur de renom, et certains de ses livres sont basés sur ses expériences en Italie et aux Pays-Bas pendant la guerre.
Lieut. Jack H. Smith/Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-190825
Bibliothèque et Archives Canada, RG 24, vol. 20455
Épouses de guerre
De nombreux civils néerlandais et militaires alliés se sont rencontrés et mariés aux Pays-Bas pendant et après la guerre. Le Canada a accueilli près de 2 000 épouses de guerre néerlandaises, accompagnées de plus de 400 enfants.
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre 20050048-050_2
Petronella « Nell » Greefkes et Cecil Ringguth
L’enfance de Nell Greefkes pendant l’occupation allemande a été difficile. Son père est entré dans la clandestinité par peur d’être capturé ou envoyé dans un camp de travail forcé en Allemagne. Nell a aidé sa mère à pourvoir aux besoins de la famille du mieux qu’elle a pu. « Les choses que j’ai dû faire pour assurer la survie de ma famille [...] », a-t-elle dit d’un ton songeur lors d’un entretien en 1999.
L’été 1945, Nell a rencontré un soldat canadien, Cecil Ringguth, et est tombée amoureuse de lui. Ils se sont mariés cet été-là. Elle est venue au Canada avec lui, et ils ont eu six enfants.
Présentée avec l’aimable autorisation de la famille Ringguth
Rapatriement et retrouvailles
Une fois la guerre terminée, les membres des forces armées canadiennes qui servaient outre-mer ou au Canada sont rentrés. Certains étaient partis depuis des années. Le rapatriement et la démobilisation du personnel militaire canadien, qui représentait près de sept pour cent de la population, ont peut-être constitué le plus grand mouvement de personnes dans l’histoire du pays.
Lieut. Richard Graham Arless/Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-192969
Harry Brott
Les Canadiens ne sont pas tous rentrés. Plus de 7 600 militaires canadiens sont morts durant la libération des Pays-Bas. Parmi eux figurait Harry Brott, tué par un obus allemand à Apeldoorn le 15 avril 1945. Le même bombardement a détruit la maison de la Néerlandaise Nelly Van Den Berg.
Après la guerre, cette dernière a écrit à Ruth Brott, la veuve d’Harry, pour lui parler du décès de son mari. Les deux sont restées en contact pendant des décennies.
Présentée avec l’aimable autorisation de Catherine Quick
Collection d’archives George-Metcalf
Musée canadien de la guerre, 20170712-005_3
Une relation durable
La libération des Pays-Bas par les Canadiens a créé une amitié entre la population des deux pays qui perdure et se manifeste de diverses façons.
« Les liens historiques qui nous unissent, comme la libération des Pays-Bas par des Canadiens et la vague d’immigration néerlandaise vers ce pays après la guerre, ont fait naître une amitié très étroite entre nos deux pays. »
–— Henk van der Zwan, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas au Canada
Le retour d’anciens combattants canadiens pour célébrer les anniversaires de la libération a attiré l’attention de la population dans les deux pays. Aux Pays-Bas, des enfants et des adultes entretiennent encore des sépultures de guerre canadiennes.
Au Musée canadien de la guerre, les visiteurs sont invités à dire comment la guerre les a touchés ainsi que leur famille ou leurs amis. Nombreux sont ceux qui mentionnent la libération des Pays-Bas et la relation durable entre les deux pays :
« Mes grands-parents, oma + opa, sont venus au Canada parce que le pays avait aidé les Pays-Bas durant la Seconde Guerre mondiale. »
« Ma mère était une jeune fille en Hollande durant la guerre. Le premier Canadien qu’elle a rencontré était un soldat qui lui a donné la tablette de chocolat qu’il avait dans sa ration de combat. »
« Mon oncle a menti sur son âge pour pouvoir s’enrôler dans l’armée durant la Seconde Guerre mondiale. Il est mort en avril 1945, un mois avant le jour de la victoire des Alliés en Europe. Il a été enterré au cimetière canadien de Groesbeek, en Hollande. »
« Mon arrière-grand-père a participé à la libération des Pays-Bas. Cela m’a fait comprendre à quel point aider des étrangers peut être un pouvoir extraordinaire. »
« Si ma famille est encore ici, c’est grâce à la bravoure et aux sacrifices des forces canadiennes lors de la libération des Pays-Bas en 1945. Merci. »