Outils éducatifs / Survol Historique
Préparé par : John Moses (bandes Delaware et Upper Mohawk, Territoire des Six nations de la rivière Grand), Directeur, Rapatriement et Relations Avec les Peuples autochtones
Télécharger le PDFDepuis l’arrivée des premiers colons de l’Europe dans ce qui est aujourd’hui le Canada, il y a plus de 400 ans, les peuples autochtones de l’Amérique du Nord (les Premières Nations, les Inuit et les Métis) ont lutté avec et contre des puissances non autochtones, notamment la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Malgré l’inégalité de traitement au sein de la société canadienne, les Autochtones ont servi dans l’armée canadienne au cours des deux guerres mondiales et au-delà. Les ex-militaires autochtones ont souvent assumé des rôles de leadeurship importants au sein de leurs communautés, en s’appuyant sur leur statut d’ex-militaire afin de lutter pour l’égalité et le changement au Canada.
De tout temps, partout où des facteurs géographiques, économiques et politiques le dictaient, la Couronne britannique et d’autres puissances impériales en Amérique du Nord ont cherché à inclure des alliés autochtones dans leurs alliances militaires et stratégiques. Pour leur part, les groupes et les individus autochtones ont accepté, rejeté ou modifié ces propositions en fonction de leurs propres objectifs. Les soldats autochtones ont participé activement à la guerre de Sept Ans, la Révolution américaine, la guerre de 1812 et d'autres conflits majeurs après l'arrivée des Européens en Amérique du Nord.
À partir de la Première Guerre mondiale, l’engagement d’Autochtones du Canada dans les forces armées a fait l’objet de controverses, et ses conséquences pouvaient être imprévues.
Les combattants qui servaient outre-mer risquaient la mort et les blessures. Mais pour les familles et les communautés autochtones, il y avait plusieurs autres problèmes importants liés à la guerre.
Les Autochtones au pays étaient confrontés à l’éclatement de la famille. Les parents, les frères et sœurs plus âgés, ainsi que d’autres modèles pour les plus jeunes et d’autres proches aidants partaient pour le travail de guerre ou le service militaire. Cela s’ajoutait à d’autres bouleversements, notamment le transfert d’enfants dans des pensionnats indiens, la remise en question de l’autorité politique traditionnelle et la perte de terres de réserves indiennes par expropriation à des fins militaires.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’exportation de nourriture vers des alliés outre-mer a été un élément important de l’effort de guerre du Canada. Pour aider à répondre à la demande de nourriture, certains pensionnats indiens ont été convertis en exploitations agricoles. Les enfants autochtones qui fréquentaient ces écoles ont été forcés à y travailler.
Aujourd’hui, pour de nombreuses familles autochtones partout au Canada, ce double héritage de fréquentation multigénérationnelle des pensionnats et du service militaire fait partie de leur lignée et de l’histoire de leur communauté.
Plus de 4 000 personnes Indiennes inscrites se sont enrôlées dans les forces armées du Canada pendant la Première Guerre mondiale. Un nombre non répertorié d’Indiens non inscrits, de Métis et d’Inuits ont également servi. Les termes « Indien inscrit », « Indien non inscrit », « Métis » et « Inuit » ont des significations juridiques et culturelles différentes, mais ils désignent tous des peuples autochtones.
Les deux formations canadiennes majoritairement autochtones de la Première Guerre mondiale étaient le 107e bataillon « Timber Wolf » et le 114e bataillon (appelé aussi Brock’s Rangers). Les deux ont servi dans le Corps expéditionnaire canadien.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les militaires de toutes les forces armées du Canada ont défendu le pays ou servi outremer. Les troupes autochtones étaient aux côtés de leurs camarades non autochtones lors des victoires âprement disputées, mais également lors des défaites.
La situation des troupes autochtones du Canada en temps de guerre était unique. On leur a refusé les pleins droits et avantages de la citoyenneté en vertu de la Loi sur les Indiens du Canada, qui datait de l’époque coloniale. Malgré cela, les Autochtones étaient aux premières lignes quand il s’agissait de remplir l’obligation la plus lourde et la plus profonde du citoyen : revêtir l’uniforme du souverain et porter les armes contre les ennemis de la nation. Après la guerre, de nombreux vétérans autochtones qui étaient des leaders au sein de leurs communautés, se sont appuyés sur leur statut d’ex-militaire afin de lutter pour l’égalité et le changement au Canada.
La guerre de Corée a vu le retour au service de nombreux vétérans autochtones de la Seconde Guerre mondiale. Cela a été suivi par l’émergence de nouvelles générations de militaires autochtones, hommes et femmes, qui ont participé à des opérations militaires dans le monde entier. Aujourd’hui, les Autochtones continuent de servir dans les forces armées.
Bien qu’ils aient été traités de façon inégale au sein de la société, les Canadiens autochtones ont fièrement porté l’uniforme en temps de guerre et de paix. Chaque personne avait ses propres raisons de s’enrôler, et celles qui ont survécu ont souvent mis l’accent sur leur service dans la lutte incessante pour l’égalité et pour faire bouger les choses au Canada.
Photo au haut de la page :
Des membres du 107e bataillon « Timber Wolf » du Corps expéditionnaire canadien, pendant la Première Guerre mondiale.
Avec l’aimable autorisation de John Moses