Invasion! Les Canadiens et la bataille de Normandie, 1944
Le début de la fin
Les débarquements du jour J et la bataille de Normandie ont ouvert un autre front dans la guerre contre l’Allemagne. Cette étape importante a contribué à la victoire des Alliés en Europe en mai 1945.
Le 6 juin 1944, des forces canadiennes, britanniques et américaines ainsi que des troupes des Forces françaises libres ont débarqué en Normandie. Les Canadiens, servant dans l’armée, la marine, l’aviation et des unités médicales, ont joué des rôles clés dans la campagne qui a suivi, du 6 juin au 21 aout 1944.
Les Allemands se préparaient à contrer cette invasion depuis des années. Remportées de haute lutte par les Alliés, les batailles pour contrôler les plages et l’intérieur ont exigé de l’habileté et de la ténacité.
Le Musée canadien de la guerre souligne le service et le sacrifice de ces Canadiens 80 ans plus tard.
Juin 1944
Préparer les combats
L’invasion de l’Europe par les Alliés a été l’opération militaire amphibie la plus complexe de l’histoire humaine. Le 6 juin 1944, quelque 150 000 soldats – y compris environ 15 000 Canadiens – ont débarqué sur les plages de Normandie, ou ont atterri dans les environs en parachute ou en planeur.
Soutien naval
Les 5 et 6 juin 1944
Une armada de 6 900 navires de guerre, manœuvrés par près de 200 000 marins, a protégé et soutenu l’infanterie et les troupes blindées alliées, et les a transportées jusqu’aux plages de Normandie où le débarquement devait avoir lieu. Les navires militaires étaient protégés par des milliers d’avions et de ballons de barrage.
Le jour J
Le 6 juin 1944
Six divisions alliées ont débarqué sur les plages de Normandie le jour J. La 3e Division d’infanterie canadienne, soutenue par des régiments blindés, a débarqué sous les tirs et s’est battue pour quitter Juno Beach. À la fin de la journée, elle avait parcouru plus de 11 kilomètres à l’intérieur des terres.
Le télégraphiste de 1re classe James Grant
James Grant était membre de l’équipage de la péniche de débarquement LCI(L) 249, qui a transporté des troupes britanniques à Juno Beach le jour J. Pendant les combats, il a pris ces clichés avec son appareil photo personnel.
Grant et d’autres Canadiens ont aidé à transporter des renforts alliés en France après le 6 juin. Il a survécu à la guerre et a continué à servir dans la marine, atteignant le grade de capitaine.
Le sergent John P. Downing
Le sergent John Percival Downing, de la 5e Compagnie de campagne du Corps du génie royal canadien, a été tué au combat le jour J. Il est mort sur la plage quand il quittait sa péniche de débarquement.
Après les combats, ce télégramme a été envoyé à sa veuve, Mina. Des centaines de familles au Canada ont appris ainsi la mort d’un fils, d’un mari ou d’un père le jour J.
Défendre la tête de pont
Du 7 au 10 juin 1944
Dans les jours suivant le 6 juin, les forces alliées étaient vulnérables à une contre-attaque allemande visant à les repousser vers la Manche. Les Canadiens ont essuyé des attaques soutenues. Malgré de lourdes pertes, ils ont réussi à tenir la tête de pont.
L’ennemi
Juin 1944
Les Canadiens ont livré une série de batailles contre la 12e SS Panzer Division « Hitlerjugend » (Jeunesses hitlériennes). Jeunes et fortement endoctrinés, les soldats allemands avaient la réputation de tuer leurs prisonniers après les batailles. À la fin de la campagne de Normandie, la 12e SS avait été anéantie en tant qu’unité de combat.
Juillet 1944
La prise de Caen
Du 8 au 10 juillet 1944
Les Alliés avaient l’intention d’atteindre la ville de Caen le jour J, et de la prendre si possible, mais les Allemands l’ont tenue farouchement. Au terme d’un mois de combats, une grande partie de la ville était détruite. Une opération canado-britannique lancée le 8 juillet 1944 l’a enfin débarrassée des Allemands.
Le soldat Arthur Wilkinson et Alta Wilkinson
Le 14 juin 1944, Arthur Wilkinson a écrit sa dernière lettre à sa mère, Alta. Conscient du danger imminent, il y a dit : « Je me rends compte à quel point ma famille est merveilleuse et que j’étais vraiment bien chez nous. » Il est mort à Caen un peu plus de quatre semaines plus tard. La lettre, trouvée sur son corps, a été envoyée à sa mère éplorée.
Prier pour la survie
Juillet 1944
En Normandie, les soldats combattaient souvent dans des conditions inconfortables, insalubres et perturbantes. D’étroites tranchées-fissures leur procuraient une certaine protection contre les obus et les tireurs d’élite, mais les pertes restaient importantes. Presque tous cherchaient du réconfort auprès d’une force suprême.
Puissance aérienne
Juillet 1944
Au jour J, la puissance aérienne allemande était déjà très affaiblie, donnant aux Alliés l’avantage dans le ciel pendant la bataille de Normandie. Les pilotes de chasse de l’Aviation royale du Canada sillonnaient le ciel, attaquant les Allemands du haut des airs, tandis que les bombardiers frappaient des cibles stratégiques et tactiques.
Le lieutenant de section Douglas Sam
Le lieutenant de section Kam Len Douglas Sam a servi comme mitrailleur arrière au sein du 426e Escadron de l’Aviation royale du Canada. Le 29 juin 1944, quand il faisait une sortie au-dessus de la France, son bombardier Halifax a été abattu. Il a échappé à la capture pendant plus de deux mois, travaillant avec la Résistance française jusqu’à l’arrivée de troupes alliées.
Après la guerre, Douglas Sam est resté dans les forces armées. Quand il a pris sa retraite en 1967, il avait le grade de lieutenant-colonel. Il était l’officier canadien d’origine chinoise le plus décoré et le plus haut gradé de l’histoire.
Bataille sanglante à la crête de Verrières
Le 25 juillet 1944
Après avoir libéré Caen, les forces canadiennes et alliées ont continué à pousser vers le sud. Le 25 juillet 1944, une opération canadienne à la crête de Verrières contre des unités allemandes bien fortifiées s’est soldée par de lourdes pertes et une défaite. Les Canadiens se sont regroupés pour poursuivre leur avancée.
Aout 1944
Sauver les blessés
Aout 1944
À la fin d’aout, les soldats canadiens blessés ou tués en Normandie se comptaient déjà par milliers. Les blessés et les malades étaient transportés du front vers les unités médicales pour être soignés et subir des opérations. Cette intervention médicale rapide a sauvé des vies.
L’infirmière militaire Winnie Burwash
Pendant la bataille de Normandie, la plupart des blessés étaient soignés en France, mais les grands blessés étaient envoyés en Grande-Bretagne à bord d’un navire. L’infirmière militaire Winnie Burwash a dit dans une lettre que son hôpital en Angleterre était rempli de soldats arrivés de Normandie. Même si elle faisait de longues journées, elle savait que la situation était pire au front : « Ça ne nous fait rien [les heures] quand je pense au travail acharné des infirmières militaires en France. »
Le lieutenant Barney Danson
À la fin d’aout 1944, Barney Danson, lieutenant dans le Queen’s Own Rifles, a été grièvement blessé par un fragment d’une ogive d’un lance-roquettes allemand. Dans ce télégramme envoyé à son épouse, Isobel, quand il était à l’hôpital, il a minimisé ses blessures, disant qu’il avait été « légèrement blessé à la tête ».
Danson, qui est devenu plus tard ministre de la Défense nationale, était un influent soutien du Musée canadien de la guerre. Ses médailles sont exposées près de l’entrée du théâtre du musée qui porte son nom.
Forcer la victoire
Du 8 au 14 aout 1944
En aout 1944, des véhicules blindés de transport de troupes, des chars d’assaut et des troupes canadiens, polonais et britanniques ont écrasé des formations allemandes affaiblies dans deux grandes batailles surnommées opération Totalize et opération Tractable. Les Alliés ont progressé lentement devant la résistance acharnée des Allemands.
Vaincre les Allemands
Le 21 aout 1944
La deuxième semaine d’aout, l’armée allemande était au bord de la défaite en Normandie. Des forces américaines, britanniques, canadiennes et polonaises ont encerclé des dizaines de milliers d’Allemands dans la poche de Falaise. On estime à 60 000 le nombre d’Allemands tués ou faits prisonniers pendant cette bataille, qui a pris fin le 21 aout 1944.
Le major David V. Currie, VC
Le major David Currie était à la tête de ses hommes à Saint-Lambert-sur-Dives, où s’est déroulé une âpre bataille meurtrière du 18 au 21 aout 1944. Tenant une position clé, le groupe de combat de Currie a repoussé plusieurs attaques, malgré la supériorité numérique de l’ennemi.
Le lieutenant-général Guy Simonds, commandant du 2e Corps canadien, a envoyé cette lettre de félicitations à Currie quand il a reçu la Croix de Victoria pour son leadership « courageux et efficace » pendant la bataille. Les médailles de Currie sont présentées dans la galerie 3 – La Seconde Guerre mondiale au Musée canadien de la guerre.
Un long chemin à parcourir
La défaite des Allemands en Normandie a nourri l’espoir, parmi certains dirigeants alliés, d’une capitulation imminente de l’Allemagne. Hélas, neuf mois de combats les séparaient de la victoire en Europe le 8 mai 1945.
La bataille de Normandie était le début de la fin de l’occupation allemande de l’ouest de l’Europe. Quelque 200 000 Allemands ont été tués ou blessés, et autant capturés. Les pertes des Alliés se sont chiffrées à 206 000, dont près de 20 000 Canadiens tués ou blessés. Les combats ont dévasté de vastes zones de la Normandie et fait près de 20 000 morts parmi les civils français. Une libération obtenue à un cout terriblement élevé.