Le nouveau site Web d’exploration Étoile du matin – Gambeh Then’ Du côté riverain de la Grande Galerie du Musée canadien des civilisations on trouve un dôme qui s'élève à une hauteur de sept étages au-dessus du plancher de granite. Le dôme, dont le diamètre est de 19 mètres (62 pieds), est orné du superbe tableau abstrait l'Étoile du matin, œuvre de l'artiste déné suline Alex Janvier. À l'aide de son fils Dean, M. Janvier a commencé à peindre en juin 1993 et a fini au mois de septembre de la même année. L'Étoile du matin s'étend sur 418 mètres carrés (4 500 pieds carrés). Avant l'application du premier coup de brosse au dôme, il fallait préparer la surface du plafond. La préparation, d'une durée d'un mois, comprenait un lavage de la surface et l'application d'un enduit et ensuite sa couverture avec du gesso. Par la suite, des couches progressives d'enduits et de d'apprêt blanc (neuf couches en tout) ont été appliquées jusqu'à ce que la surface soit convenable pour que l'artiste y peigne son dessin. Après qu'Étoile du matin a été terminée, une couche d'un enduit filtrant les UV a été appliquée sur tout le tableau et, finalement, un fini mat a été ajouté afin d'éliminer l'éblouissement. Le titre, Étoile du matin, fait référence à l'étoile du matin comme un guide ou un moyen de s'orienter. M. Janvier explique : « Mon peuple avait utilisé l'étoile du matin comme une mire de guidage lumineuse pendant les premières heures du matin de l'hiver. Ils quittaient le camp... vers quatre heures et se dirigeaient dans une direction quelconque... selon les étoiles dans le ciel et surtout celle-là, ils ont une assez bonne idée de la direction dans laquelle ils se dirigent. » [Traduction] M. Janvier perçoit également son tableau comme une mire de guidage lumineuse. Les caractéristiques incluses dans le tableau reflètent des valeurs et des philosophies autochtones communes. Le motif en cercle représente le cercle de la vie : spirituel et physique, humain et naturel. On croit que la vie humaine, par exemple, trace un cercle complet; une personne meurt et la vie commence de nouveau. De la même façon, les couleurs utilisées sont significatives. Parmi les Tchippewayans, par exemple, blanc, jaune, bleu et rouge sont des couleurs importantes, que l'on voit plus fréquemment que d'autres. Généralement, parmi les groupes autochtones, on voit souvent ces couleurs en tenue d'apparat. De plus, la création de quatre zones de couleur distinctes est importante. Le chiffre quatre est important chez les peuples autochtones : quatre saisons, quatre points cardinaux, quatre directions. M. Janvier les appelle des « indicateurs naturels ». Le tableau est un commentaire sur le conflit qui a eu lieu entre les deux cultures après l'arrivée des Européens en Amérique du Nord et leur rencontre avec les peuples autochtones. Ce conflit est l'un des thèmes principaux abordés dans les expositions permanentes du Musée. Le cercle central blanc représente l'étoile du matin, la source de toute création. Les lignes géométriques colorées qui irradient du centre (semblables aux décorations de piquants de porc-épic utilisées traditionnellement par les Dénés pour la décoration de vêtements et d'autres objets) représentent les diverses cultures autochtones; chacune d'elles est une couleur distincte pourtant, quand on les regarde ensemble, elles ont une apparence d'unité. Cet anneau, qui représente l'échelle de valeurs autochtones, est juxtaposé à un anneau de formes plus organiques, qui représente l'apparence des idées et des croyances européennes. La juxtaposition des formes géométriques et des formes organiques symbolise la lutte entre les deux échelles de valeurs. Chacune des zones de couleur distinctes dans l'anneau extérieur représente une période de l'histoire autochtone. Dans le quadrant jaune, un équilibre de couleur et de forme reflète une époque où les Premiers Peuples vivaient en harmonie avec la nature, le Grand Esprit et eux-mêmes. Cependant, y est également représentée l'arrivée de Christophe Colomb en 1492, ce qui a changé à jamais le monde des Premiers Peuples. Dans le quadrant bleu, un manque de décoration fait valoir la faiblesse de la culture autochtone, accablée par la culture européenne. Selon M. Janvier, plus les autochtones devenaient christianisés, plus ils se penchaient vers des dessins organiques et coulants et moins ils produisaient des dessins géométriques. Le quadrant rouge représente un temps de rétablissement et de nouvel optimisme. Le mal et le désenchantement laissent la place à une nouvelle détermination de la part des Premiers Peuples de prendre en main leur propre avenir. Le dernier quadrant est blanc afin d'être relié au centre blanc de l'Étoile du matin, ce qui illustre la guérison, le renouvellement du respect de soi, la réconciliation et la restructuration - un retour à un état d'harmonie. Il représente la période qui suit le point auquel M. Janvier a créé l'Étoile du matin. De l'Étoile du matin et de son travail en général, M. Janvier a dit, « Je peins et je raconte également l'histoire de la façon dont les choses sont arrivées à ma tribu, à mon peuple et à moi-même, et c'est une vraie histoire. » [Traduction] L'Étoile du matin était un cadeau de Ralph et Roz Halbert de Toronto, en Ontario, au peuple canadien. Biographie de l'artisteAlex Janvier est né en 1935 dans la réserve Le Goff, près de Cold Lake en Alberta. Il a été élevé dans la tradition tchipewayanne, parlant le déné jusqu'à ce qu'il entre, à l'âge de huit ans, à l'école résidentielle amérindienne Blue Quill. Après ses études secondaires, Janvier a fréquenté l'Alberta College of Art de Calgary, où il a commencé à faire de l'art abstrait moderne. Il a connu un certain succès personnel déterminant pour sa carrière au début des années 1960, masi ce n'est qu'en 1971 qu'il commença à se consacrer à plein temps à son art. Vers la fin des années 1970 et le début des années 1980, l'œuvre de Janvier soulevait une critique des influences européennes et des expériences aliénantes qui ont éprouvé la spiritualité de l'artiste. Il abordait de plus en plus les préoccupations des peuples autochtones. Les tableaux de Janvier son très recherchés par les collectionneurs d'art et ont fait partie de nombreuses expositions d'art autochtone. Le Musée canadien des civilisations abrite l'une de ses œuvres les plus importantes, la série intitulée Les saisons. Son style abstrait convient particulièrement bien à l'éxécution d'œuvres de grande taille. Il a créé plusieurs murales, dont une qui décore le Muttart Conservatory à Edmonton et une autre pour le pavillon des Indiens du Canada à Expo 1967. Depuis la fin des années 1980, les premières nations du Canada s'affirment et interviennent de façon plus marquée sur la scène politique. Les revendications territoriales, la dégradation de l'environnement, les abus dans les écoles résidentielles, Elijah Harper et l'Accord du lac Meech, et l'occupation armée des Mohawks à Oka sont autant de dossiers qui ont profondément touché les collectivités autochtones. Janvier compte parmi les chefs de file de cet éveil politique, formulant des commentaires visuels sur le monde qui l'entoure et les événements qui s'y produisent. Janvier envisage avec optimisme l'avenir de la culture et de l'art autochtones puisque bon nombre de ses contemporains retrouvent leurs valeurs et leurs traditions ancestrales. Selon Janvier, c'est par la croyance dans le pouvoir de la Terre matrice et de l'Esprit que les générations futures pourront renouer avec leur spiritualité et leur liberté fondamentales en tant que peuples autochtones. « Les lignes calligraphiques de Janvier sont fluides. Elles évoquent des phénomènes naturels comme le mouvement des branches dans le vent. Il respecte le symbolisme des couleurs dénées. Ses compositions se développent souvent dans quatre directions à partir d'un point focal central, représentant les quatre points cardinaux du cosmos autochtone, la rose des vents et les saisons. » (d'après Nancy Tousley, critique, Calgary Herald) |