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Le caporal Pegahmagabow a reçu la Médaille militaire avec deux barrettes, soit trois médailles militaires, pour l'héroïsme dont il a fait preuve au champ de bataille. Il n'existe pas de document établissant à quel moment Pegahmagabow gagna la Médaille militaire avec deux barrettes, mais tout porte à croire qu'il reçut la Médaille militaire avec deux barrettes pour la bravoure dont il fit preuve durant la bataille du Mont Sorrel, en juin 1916, et sa seconde agrafe à Amiens, en août 1918.
Caporal Francis Pegahmagabow (1891-1952) est l'un des soldats autochtones les plus décorés dans l'histoire militaire canadienne. C'était un Ojibwé de la Bande indienne de Parry Island, en Ontario, qui reçut la Médaille militaire plus deux agrafes (soit trois médailles militaires) pour son service au champ de bataille durant la Première Guerre mondiale. Pegahmagabow fut parmi les trente-neuf hommes de tout le Corps expéditionnaire canadien à recevoir la Médaille militaire avec deux barrettes.
Peggy, comme l'appelaient ses compagnons d'armes, s'enrôla en août 1914, et fit partie du premier contingent de soldats envoyés outre-mer. Il s'embarqua avec le 1er bataillon et prit part à des combats acharnés lors de la seconde bataille d'Ypres, en avril 1915, au cours de laquelle les Allemands firent usage de chlore gazeux – une première dans l'histoire de la guerre.
Peggy survécut, mais le 1er Bataillon avait perdu la moitié de ses hommes en trois jours d'âpre combat. Les hommes profitèrent d'une accalmie pour creuser des tranchées plus profondes afin d'esquiver l'effrayante artillerie et les tireurs d'élite. Le caporal Pegahmagabow gagna rapidement une indéniable réputation d'habile tireur aux yeux de ses camarades. Se tenant embusqué derrière la ligne de front ou rampant lentement durant la nuit à l'intérieur du no man's land, Peggy attendait que les soldats allemands se manifestent. Il s'avéra un tireur de précision efficace et impitoyable. Les ennemis qu'il abattait commencèrent bientôt à se compter par dizaines.
En plus de son rôle comme tireur d'élite, Peggy fit preuve d'un courage remarquable dans la bataille du Mont Sorrel, en juin 1916, où il captura un grand nombre de prisonniers allemands. Plusieurs mois plus tard, alors qu'il combattait dans la Somme, il fut blessé à la jambe. Bien qu'il eût assurément accompli son devoir au cours de deux années particulièrement éprouvantes, Peggy réintégra son bataillon. En novembre 1917, le 1er bataillon fut à nouveau impliqué dans la bataille, cette fois-ci sur les terrains marécageux avoisinant le village en ruines de Passchendaele. C'est là qu'il mérita la première barrette de sa Médaille militaire avec deux barrettes dont la citation se lit comme suit :
À Passchendaele, les 6 et 7 novembre 1917, ce s/off [sous-officier] fit un excellent travail. Avant et après l'attaque, il se tint en contact avec les flancs, les informant des unités qu'il avait vues, renseignements confirmant le succès de l'attaque et permettant de gagner un temps précieux pour l'opération de regroupement. Il conduisit en outre la relève à l'endroit où elle devait se trouver, après qu'elle se fut égarée.
La bataille de Passchendaele fut menée dans des conditions épouvantables. Pegahmagabow ne cessa durant toute la bataille de courir à travers les bourbiers sous le feu nourri des obus. En raison de la disjonction fréquente des fils téléphoniques par les tirs d'artillerie, c'était uniquement grâce au courage de coureurs et d'éclaireurs comme Peggy que les troupes d'arrière-garde pouvaient espérer apporter leur aide aux hommes qui livraient le combat à l'avant-garde. Grâce à leur courage et à leur détermination, les Canadiens capturèrent la crête de Passchendaele, une position dont le reste de l'Armée britannique avait tenté en vain de s'emparer depuis trois mois.
Pegahmagabow fut l'un des rares Canadiens à s'enrôler, en 1914, et à combattre jusqu'à la fin de la guerre. Durant son service au front, il devint le meilleur tireur d'élite canadien de la guerre. Bien qu'il n'existe pas de chiffres consignés à ce sujet, on rapporte qu'il aurait abattu jusqu'à 378 soldats ennemis.
Pegahmagabow revint au Canada en 1919, et vécut à Parry Island. Il continua de servir au sein du Algonquin [Militia] Regiment. Pegahmagabow fut chef de la Bande indienne de Parry Island de 1921 à 1925, et conseiller de 1933 à 1936. Son fils, Duncan, affirmait que Peggy se sentait toujours « très attaché à son pays ». On a aussi dit de lui qu'il avait déployé des efforts particuliers pour assurer la survie de la culture de son peuple et que, alors qu'il était chef, il encourageait l'étude et la pratique des traditions de la bande. Décédé en 1952, Francis Pegahmagabow est membre du Temple de la renommée des Indiens du Canada.
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