Au XIXe siècle, menuisiers, ébénistes et amateurs fabriquaient divers types d'armoires sur pied ou encastrées dans lesquelles on rangeait provisions, pièces de vaisselle, vêtements et autres articles de ménage. Celles que nous reproduisons offrent de beaux exemples des grands meubles de rangement fabriqués à cette époque par des artisans canadiens d'origines culturelles diverses. L'encoignure peinte emprunte à la tradition britannique du début du XIXe siècle certains éléments architecturaux qui soulignent son profil droit et ses formes rectangulaires. Le détail ornemental s'harmonisait avec le décor intérieur de la maison en bois rond du comté de Leeds (Ontario) où elle fut trouvée. Conçu pour ranger et exposer la vaisselle, les couverts de table et autres ustensiles, ce meuble est sans doute l'œuvre d'un menuisier plutôt que d'un ébéniste. Une inscription sur le fond d'un des tiroirs précise : «Cette armoire a été faite par Charles C. Joynt pour Henry Polk et sa femme, Letticia, avril 1863.» |
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La Kleidererschank ou armoire à vêtements est attribuée à un ébéniste allemand qui travaillait près de Hanover (Ontario), entre environ 1875 et 1914. Les bandes d'incrustations aux dessins complexes, les motifs traditionnels allemands de cœurs et de roses des vents ainsi que le piétement vigoureusement chantourné sont caractéristiques des meubles de John Klempp. Au XIXe siècle, bon nombre des ébénistes ontariens étaient d'origine allemande : certains avaient émigré de Pennsylvanie tandis que d'autres, comme Klempp, venaient tout droit du vieux continent. Les armoires de ce genre se retrouvaient alors dans de nombreuses maisons de Germano-Canadiens, dans le sud-ouest de l'Ontario. Malgré une large concurrence du mobilier usiné, les formes anciennes du meuble gardaient à l'époque la faveur de nombreux groupes fortement attachés à leurs traditions religieuses et culturelles. |