Cette représentation de la mythique Femme chien de mer est un des plus beaux spécimens des ornements frontaux haïdas provenant du village de Skidegate. Il comporte une sorte de traîne en peau d'hermine, des plumes de pic sur les côtés et des poils de moustache d'otarie sur le dessus. Les yeux et les articulations sont incrustés de morceaux de coquilles d'haliotide. Recueilli vers 1898 par Charles F. Newcombe. MCC VII-B-1102

Dans toutes les tribus de la côte septentrionale, les chefs possédaient une profusion d'insignes, qui étaient des symboles de statut. La parure complète d'un chef consistait en une couverture chilkat, des jambières, un tablier, des hochets en forme de Corbeau (ou un tambour), et un ornement frontal. Les chefs possédaient également en général une plaque de cuivre à l'état natif en forme de bouclier.

Tous les groupes de la côte septentrionale ont adopté l'ornement frontal, mais chacun lui a imprimé un style distinctif. L'ornement frontal caractéristique des Tsimshians comporte une figure humaine dont la tête est plus grosse que le corps et les membres, et qui est insérée dans une plaque rectangulaire ou surmontée d'un dôme entourée de petites figures humaines ou de figures animales emblématiques. L'ornement frontal des Nisga'as de la rivière Nass se compose d'une figure humaine centrale sculptée en ronde-bosse en faible relief entourée de carrés de coquilles d'haliotide.

Ornement frontal haïda représentant une jeune femme sculpté par Simeon Stiltla, recueilli à Masset avant 1884 par William F. Tolmie. MCC VII-B-25

L'ornement frontal tlingit est orné d'un motif plus irrégulier de petites figures entourant la figure centrale, qui est habituellement un animal emblématique plutôt qu'un être humain; les couleurs, où dominent le vert et le gris, sont plus variées que chez les Haïdas, qui se cantonnent d'ordinaire au noir et au rouge.

L'ornement frontal haïda est à mi-chemin entre celui des Tsimshians et celui des Tlingits, en ce sens que, si le centre comporte couramment des figures animales, il n'est pas rare d'y trouver des figures humaines. Les Haïdas sculptent la figure centrale en relief plus accentué et soulignent les yeux d'un trait noir. Les plaques de l'ornement frontal haïda peuvent être tout aussi bien rondes ou ovales que rectangulaires.

Cet ornement frontal haïda représente la Lune. Les incrustations de coquilles d'haliotide sur les visage et tour de la Lune refléchissaient la lumière du feu, et les plumes de pic servaient à invoquer cet oiseau afin qu'il porte les prières du chef vers le ciel. Probablement acquis par James Deans à Skidegate avant 1899 pour la collection A. Aaronson. MCC VII-B-690

L'ornement frontal de la côte septentrionale exprime un message cosmologique complexe faisant surtout référence, tant par les formes visuelles que par les matières utilisées, à des êtres de la mer et du monde d'en bas. Néanmoins, on y trouve également des humains représentant le monde du milieu et des oiseaux du monde d'en haut. La queue de Baleine en cuir peint qui surmonte la coiffure, derrière, et les moustaches d'otarie, sur le haut, qui constituent la cage à l'intérieur de laquelle on met du duvet d'aigle, sont des références au monde marin et au monde d'en bas. Les plumes de pic flamboyant qui ornent les côtés de la coiffure symbolisent le rôle de messagers que jouent ces oiseaux, qui, dit-on, montent et descendent le long de l'arbre du monde. De même, la peau d'hermine rappelle que cet animal indique le passage des saisons en changeant de couleur. La coquille d'haliotide, qui provient de la mer, est censée réfléchir le monde d'en haut.