5. Des vies de misère:
la blanchisserie chinoise
La blanchisserie Wah Chong, Vancouver, 1884 Gracieuseté des City of Vancouver Archives |
Cette exposition recrée l'ambiance des blanchisseries chinoises
que l'on trouvait en grand nombre à travers le Canada entre
1900 et les années 1950. Cette présentation, qui se fonde
sur un important travail sur le terrain, intègre des objets
provenant de diverses blanchisseries, dont la Central Laundry,
exploitée pendant plusieurs dizaines d'années à
Winnipeg par le regretté Ho King. Elle veut présenter
la blanchisserie dans le contexte de notre vie urbaine et de l'histoire
des communautés ethniques et de l'immigration.
Dans la blanchisserie reconstituée dans le Musée, le visiteur pénètre d'abord dans le secteur où se trouve le comptoir, puis dans une cuisine où il peut voir un documentaire original présentant des entrevues avec l'ancienne génération de blanchisseurs chinois et leurs descendants. Passant dans la blanchisserie proprement dite, le visiteur, qui se retrouve entouré de presses, de fers et d'autres instruments du métier, découvre ensuite les tâches difficiles du lavage et du lessivage. Il en apprend davantage sur le dur travail physique des blanchisseurs dans un cadre exigu et surchargé de vapeur. Pour beaucoup des descendants des blanchisseurs, la blanchisserie est un symbole non seulement d'une vie difficile, mais aussi de survie, d'endurance, de patience et de sacrifice pour assurer l'avenir.
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D'un océan à l'autreLa ruée vers l'or du fleuve Fraser et la construction de la voie ferrée du Canadien Pacifique, entre autres choses, ont amené des milliers de travailleurs chinois en Colombie-Britannique de 1858 à 1885. À la suite de l'achèvement de la voie du CP, beaucoup de ces immigrants sont allés vivre dans d'autres parties du pays pour poursuivre leur rêve de la « montagne d'or ». Beaucoup ont établi des blanchisseries dans des villes ferroviaires à l'est des Rocheuses, jusqu'au Québec, aux Maritimes et à Terre-Neuve. De 1890 à 1950, un nombre important de Chinois ont exercé ce métier. Par exemple, en 1921 à Montréal, il y avait 1735 Chinois, et, croit-on, 368 blanchisseries exploitées par des Chinois.
Deux facteurs ont contribué à l'établissement des blanchisseries chinoises. Premièrement, tout ce qu'il fallait, c'était un petit capital et la capacité de travailler durant de longues heures, et une certaine connaissance de l'anglais ou du français de la part des propriétaires. Deuxièmement, on décourageait les Chinois de s'adonner à d'autres occupations et ils étaient soumis à des restrictions légales et victimes d'une discrimination socio-économique. Ils ne pouvaient qu'effectuer un travail exigeant en main-d'uvre. Les blanchisseurs souffraient d'un isolement social et familial. Dans la plupart des cas, les membres de leur famille demeuraient en Chine. À une époque d'intolérance raciale et de crainte de la concurrence d'une main-d'uvre orientale bon marché pour les emplois, des politiciens et des syndicats exercèrent des pressions sur le gouvernement fédéral pour qu'il limite fortement le nombre de Chinois, de Japonais et d'Indiens admis au pays. Les taxes d'entrée et les exclusions légales décourageaient l'immigration des membres des familles, et finalement la Loi de l'immigration chinoise (1923-1947) interdit l'entrée de tous les Chinois. La blanchisserie devint donc essentiellement une occupation masculine. Ho King, par exemple, le propriétaire de la Central Laundry de Winnipeg, quitta la Chine en 1918 et ne fut rejoint par sa femme qu'en 1959 - une séparation de 41 ans. La vie du blanchisseur était très difficile et monotone. Il passait la plus grande partie de son temps à laver, repasser, presser, emballer et livrer les vêtement et à couper du bois. Le travail était dur, et le revenu très faible. Hors de leurs longues heures de travail, les blanchisseurs se rendaient à l'occasion dans le quartier chinois faire leurs courses et boire une tasse de thé ou jouer au mah-jong avec les membres de leur clan ou leurs amis.
Avec peu de ressources, toute perspective lui étant refusée, la communauté chinoise du Canada se trouva reléguée au bas de l'échelle socio-économique pendant plus d'un demi-siècle. La mécanisation graduelle de la fin des années 1940 aux années 1960 et le vieillissement des premiers immigrants chinois amenèrent inévitablement la disparition des blanchisseries chinoises, mais elles demeurent un aspect inoubliable de l'histoire des Sino-Canadiens. Cette exposition permanente illustre et commémore l'essence, la vie et les contributions des blanchisseurs chinois. Plus loin dans la salle du Canada, l'exposition sur la bordure du Pacifique étudie les modèles d'immigration asiatique du XXe siècle, les activités socio-économiques des immigrants asiatiques et leur contribution à la vie du Canada.
Inaugurée : le 12 octobre 2000 |
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