Dès 1524 plusieurs navires
de pêche de Rouen fréquentent les eaux des environs
de Terre-Neuve. Peu après, les Honfleurais se joignent
à eux et prennent rapidement l'habitude de se rendre
à l'embouchure du Saint-Laurent, dans la baie de
Gaspé ainsi qu'aux environs des îles Percé
et Bonaventure.
Au XVIIe siècle, le capitaine François
Doublet de Honfleur obtient une concession de pêche aux
îles de la Madeleine, où il tentera, de 1663 à
1664, d'établir un poste de pêche
sédentaire 1.
À la suite de la publication de l'ordonnance de la marine
de 1681, les armateurs de Honfleur tentent de s'organiser pour
faire face aux défis de ces pêches
lointaines 2.
Après la signature du Traité d'Utrecht (1713),
ils font la pêche à la morue séchée
sur les côtes du Labrador et de l'île du Cap-Breton.
Mais c'est surtout sur le Grand Banc qu'ils
préfèrent aller pêcher, car les Parisiens,
comme les habitants des côtes normandes, ont une
préférence pour la morue verte les nombreux jours
maigres 3.
Le récit qui va suivre est à la fois une
présentation et une adaptation du texte du Journal de
Jean Marin Le Roy, pilote honfleurais et second officier du
navire le Saint-André. Ce journal de bord relate
le voyage du Saint-André et sa campagne de
pêche sur le Grand Banc de Terre-Neuve, du mercredi, 23
janvier au samedi 26 octobre 1754.
Outre l'introduction et la conclusion, qui présentent
Le Roy et situent cette campagne, le corps du récit
comprend cinq parties. Ces dernières correspondent aux
étapes du voyage :
-
nous conduit de Honfleur en Aunis et au cur des salines de
Saintonge, où les pêcheurs normands se rendaient pour
prendre leur sel sans payer la gabelle.
- nous fait séjourner avec
l'équipage dans les havres voisins de La Rochelle en
quête d'un abri et du sel indispensable pour la conservation
du poisson.
- nous permet de suivre au jour le jour le voyage
transatlantique et de découvrir quelques-uns des dangers
qui menaçaient les terre-neuviers.
- est l'occasion de découvrir le quotidien
des pêcheurs. Comme notre pilote s'est limité
à une présentation schématique de son
séjour sur le Banc, je tenterai de suppléer
à sa description de la vie quotidienne à bord
d'un navire banquais 4.
-
nous ramène à Honfleur une fois la cale pleine de
morue.
Au cours du récit, j'interviendrai comme narrateur pour
expliquer des situations particulières, aider le lecteur
à mieux apprécier toute la richesse de cette
relation et rompre la monotonie du compte rendu quotidien.
J'ai essayé autant que possible de garder la forme
originale du journal tout en adaptant le texte de Le Roy en
français actuel. Bon voyage et bonne pêche!
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