u cours des cinq derniers
siècles, les ressources halieutiques qui ont nourri les
collectivités du Canada atlantique pendant des milliers
d'années commencent à régresser à un
rythme rapide. La surpêche entraîne l'extinction de
certaines espèces et la compétition pour des
ressources de plus en plus rares engendre des tensions de plus en
plus grandes entre les pêcheurs autochtones et non autochtones
du Canada atlantique.
Cette crise atteint son point culminant après le jugement
rendu en septembre 1999 par la Cour suprême du Canada dans
la cause Marshall. La Cour réaffirme les droits garantis
dans les traités signés entre la Couronne et les
Mi'kmaq en 1752 et 1760. La validité de ces traités,
qui reconnaissent les droits de pêche, de chasse et de
commerce des Autochtones dans les territoires mi'kmaq traditionnels,
est entérinée pourvu que les pêcheurs
autochtones se contentent d'un train de vie modéré
et ne compromettent pas la survie des stocks de poisson.
À l'automne 1999, des pêcheurs non autochtones
interjettent appel du jugement Marshall, demandant que la cause
soit à nouveau entendue. La Cour suprême rejette
l'appel, mais nuance son opinion, limitant les droits des Autochtones
à la pêche tout en imposant les mêmes
règlements concernant les permis fédéraux
aux Mi'kmaq et aux pêcheurs non autochtones. Toutefois,
les modalités des règlements - y compris celles
concernant les saisons de pêche et les limites de prises -
sont fortement contestées. Les répercussions
économiques et sociales à long terme de ces
décisions sont loin d'être claires.
Bien entendu, la survie même des pêches atlantiques
tient à des enjeux qui dépassent largement la
sphère d'influence du Canada. Aujourd'hui, l'avenir de
cette tradition ancienne et industrie moderne est en suspens,
prise sous le feu croisé d'intérêts
nationaux et internationaux concurrentiels.
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