Au début du XIXe siècle, une nouvelle industrie fit son apparition dans les forêts de l'est et du centre du Canada. Les guerres napoléoniennes avaient entraîné des demandes croissantes de bois d'uvre pour construire des bateaux de guerre britanniques; toutefois, un blocus des bateaux français empêcha l'Angleterre d'acheter du bois aux pays baltes qui étaient leurs principaux fournisseurs. Du coup, l'Angleterre se tourna vers le Canada, où les réserves de bois semblaient inépuisables. Des chantiers s'établirent dans les forêts des Maritimes et du centre du Canada. Ce camp de bûcheron est typique de ceux qui abritaient les bûcherons dans un des premiers chantiers de la vallée de l'Outaouais.
Quand la paix se fit en Europe, la demande de bois persista encore pendant de nombreuses années. Jusqu'en 1830, l'Amérique du Nord produisit essentiellement des billes équarries plutôt que des rondins parce qu'il était plus facile et moins dangereux de les empiler sur les bateaux en partance pour l'Europe. Au milieu du siècle, cependant, les scieries produisirent de plus en plus de bois ouvré et on cessa l'exportation outre-mer. Le bois était indispensable à l'industrie de la construction navale, au développement urbain au Canada et aux États-Unis et à la production de papier pour les journaux.
Entre 1807 et 1880, la plupart des bûcherons travaillant dans le centre du Canada étaient des ouvriers saisonniers d'origine autochtone, canadienne-française, irlandaise et écossaise. Bon nombre étaient laboureurs, fermiers ou ouvriers d'usine cherchant à obtenir un salaire supplémentaire durant les mois d'hiver. La vie dans les chantiers était dure, le travail ardu et dangereux. Les hommes étaient séparés de leurs familles pendant la longue saison d'hiver. Lorsque le bûcheron travaillait dans des camps, loin de chez lui, sa femme et les aînés de leurs enfants prenaient en charge les travaux de la ferme. Inutile de dire que la solitude créait de nombreux problèmes sur le plan social. Les hommes ne retournaient chez eux qu'au printemps quand le bois descendait le courant jusqu'aux scieries et que la drave était finie.
On coupait les arbres presque exclusivement durant l'hiver pour plusieurs raisons : il était plus facile d'abattre des arbres quand la sève ne circulait plus; il était plus facile de traîner le bois sur la neige jusqu'aux routes glacées; et il y avait toujours un surplus de main-d'uvre à bon marché pendant l'hiver. Travailler dans les bois présentait certains dangers : on risquait d'avoir des engelures, d'être blessé par la chute des arbres ou par un coup de hache, et la couche de glace recouvrant la rivière pouvait également céder et vous précipiter dans l'eau glacée.
Le camp de bûcherons que vous avez devant les yeux est semblable à ceux que l'on trouvait au XIXe siècle dans les chantiers de la vallée de l'Outaouais. Le camp avait un foyer central et une ouverture pratiquée dans le toit laissait la fumée s'échapper. Le feu brûlait en permanence car on s'en servait pour cuire les aliments, se chauffer et s'éclairer. En dépit de cela, il y faisait très froid, et pour avoir chaud, on dormait à deux par couchette. Cette situation s'est améliorée à la fin du XIXe siècle, lorsque les poêles en fonte ont remplacé les foyers ouverts. Le repas type d'un bûcheron se composait de porc salé, de fèves au lard, de soupe aux pois, de saindoux et de pain. Venaient en supplément le poisson, les perdrix, le lièvre et la venaison.
Parce qu'il est largement répandu, polyvalent et facile à
utiliser, le bois entre dans la confection de presque tout ce que nous
faisons, qu'il s'agisse de souliers, d'ustensiles, de meubles et de
maisons, ou encore des bijoux, de bateaux, de véhicules et
d'armes. Nos ancêtres ont imaginé des outils manuels
spécialisés pour découper, façonner, abouter
et percer des pièces de bois. Par la suite, ils ont conçu
des instruments pour mesurer, et pour serrer, ainsi que d'autres
outils auxiliaires.