En tant que catholiques romains, les Européens de la fin du Moyen Age consideraient le poisson comme un symbole chrétien. Le poisson était particulièrement apprecié durant les nombreux jours maigres et de jeûne. Dans certains diocèses, il pouvait y avoir jusqu'à 166 jours durant lesquels il était défendu de manger de la viande.
Les pêcheurs portugais, français et basques étaient les premiers à venir pêcher la morue (en anglais seulement) le long des côtes de l'Amérique du Nord. Dès le début du seizième siècle, ils pêchaient et sèchaient la morue sur les côtes sud et est de Terre-Neuve et celles du détroit de Belle-Isle. Plus tard, les Bretons et les Normands ont entrepris l'exploitation des bancs d'où ils ont rapporté la morue salée. Vers 1540, les Basques espagnols et français ont établi des stations baleinières saisonnières sur la côte de Labrador. Les pêcheurs anglais, peu nombreux à Terre-Neuve avant 1570, ont dominé de larges secteurs de la côte est de la péninsule d'Avalon au début du dix-septième siècle.
Les pêcheurs placaient dans l'eau salée la morue «verte» (fraîche) que l'on vendrait en primeur dans les ports de l'Atlantique. Ces expéditions requéraient des navires capables de passer au moins cinq mois en mer. Tout en naviguant sur les bancs de Terre-Neuve, l'équipage pêchait et apprêtait le poisson. Les navires sont rentrés au port lorsque le cale était bien remplie.
La ligne à la main utilisée pour pêcher la morue sur le banc, près des côtes de Terre-Neuve ou de l'Acadie, dans l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent n'a guère changé depuis le seizième siècle. Variable selon les fonds, la ligne à main mesure ordinairement de 25 à 30 brasses de longueur. Elle peut atteindre de 75 à 90 brasses pour la pêche en haute mer. Un plomb de 12 à 15 centimètres de longueur et pesant environ 700 grammes est fixé à l'extrémité de la ligne. Les pêcheurs utilisent souvent deux lignes en même temps. Chaque ligne est munie de deux avançons qui portent un hameçon individuel. Après le pêche, les lignes sont enroulées sur un caret, un dévidoir rectangulaire en bois.
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Afin de répondre pendant toute l'année aux besoins des marchés européens, les pêcheurs venaient passer l'été sur les côtes de Terre-Neuve, du Labrador et de l'Acadie. Ils utilisaient de petites embarcations appelées «doris» (en anglais seulement) pour pêcher la morue qu'ils faisaient sécher sur les rives. À la fin de l'été, ils rapportaient en Europe de grandes quantités de morues ainsi traitées et conservées.
Comme la morue séchée supportait la chaleur et le long voyage sans trop s'altérer, le Portugal, les régions méditerranéennes telles que la Provence, l'Espagne, l'Italie, le Levant de même que des régions à l'intérieur du continent européen lui accordaient le préférence. La morue séchée avait l'avantage de parvenir au consommateur en bonne condition et de se conserver plus de trois ans.
La pêche à la morue séchée mobilisait chaque été pas moins de 400 navires et des milliers d'hommes. Les pêcheurs partaient dans de légères embarcations prendre la morue à la ligne. Celle-ci était ramenée dans des stations installées sur la côte, où elle était salée et mise à sécher sur la plage ou sur des plate-formes. Le poisson était ensuite disposé en tas pour la fin du séchage.
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