Récipient 22
(MCC BlDq-1:50)
David Keenlyside, Conservateur des collections archéologiques des provinces de l'Atlantique, MCC:
"À la fin de l'été de 1996, comme je descendais de mon canot sur la grève à l'île Savage, j'étais sur le point de faire face au passé. Voilà que, juste en face de moi, reposaient les fragments parsemés d'un vase en céramique, récemment dégagé de la berge. Cette année-là n'avait pas été une très bonne année en raison des inondations printanières; les arbres déracinés reposaient ici et là sur la grève de la rivière Saint-Jean juste au-dessus de Fredericton, Nouveau Brunswick. C'était à cet endroit qu'avait lieu la rencontre annuelle du Conseil des Malécites, en face de leur village permanent appelé Aukpaque, ou "tête de la marée". Le village a été occupé jusqu'à la fin du 18e siècle, juste avant que les gens soient déplacés dans des réserves près de Kingsclear et de St.Mary's. Même récemment, c'était encore un lieu de rencontre populaire pour les Malécites ou Wolastoqiyik ("les gens de la belle rivière"). On dit que "lorsque les arbres fleurissent, il est temps de se rendre à Aukpaque". C'est aussi la période de fraie du bar à raies - une espèce qui vivait dans l'eau salée et qui autrefois pouvait peser jusqu'à 25 livres, souvent dépassait les 60 livres. Ça devait être tout un événement de voir frayer des poissons de cette taille.
Les reconnaissances archéologiques, remontant au début du siècle, nous avaient déjà appris que l'île Savage avait été occupée avant le période de contact. Il s'agissait d'un grand site de plusieurs couches qui avait été occupé saisonnièrement pendant au moins 3000 ans. La rivière avait changé au cours des siècles, creusant systématiquement des canaux au fur et à mesure que ses méandres serpentaient entre les nombreuses îles au-delà de Frédériction. En raison de la construction du barrage de Mactaquac dans les dernières années de 1960, quelques kilomètres en amont, le courant de la rivière a été interrompu mais a engendré des inondations encore plus importantes et un déplacement d'eau qui a accéléré l'érosion de la berge. Au cours de la dernière décennie, l'érosion a causé la perte de plus des trois-quarts du site. Un projet archéologique d'évaluation élaboré par la Réserve de Kingsclear en 1994 a conduit à des sondages limités du site.
Le vase restoré est l'un des trois vases partiellement préservés qu'on a trouvé cet été-là. L'un des autres vases était décoré d'impressions de pseudo-pétoncles (instrument alternativement cranté) et gardait encore des matières organiques adhérant à l'intérieur des parois. On en a prélevé un petit échantillon pour une datation au carbone 14 (AMS), et on a obtenu une date de 2130 '+/-60 ans ap.J.-C. Dans la série des poteries du Nord-Est, la décoration de pseudo-pétoncle (objet alternativement cranté) est antérieure aux impressions de peigne (dentate stamped decoration) comme celles qui sont sur le vase restoré. Un aure trait important de ce vase est ce qu'on appelle des "bosses extérieures", habituellement trouvées en une seule rangée horizontale encerclant le vase. La décoration est produite en poussant le bout d'un bâton circulaire dans la pâte encore humide à partir de l'intérieur du vase agfin de soulever des bosses par repoussage sur la face extérieure. Les motifs de cette période sont typiquement des bandes horizontales de lignes parallèles, obliques ou en zigzag sur l'épaulement du vase."
Autres lectures
Deal, M. and S. Blair
1991 Prehistoric Archaeology in the Maritime Provinces: Past and Present Research. The Council of Maritime Premiers, Maritime Committee on Archaeological Cooperation. Reports in Archaeology No.8.
Leavitt, R. M.
1995 Maliseet & Micmac: First Nations of the Maritimes. Tribune Printing, Sackville, New Brunswick.
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