Quoique les peuples autochtones de la côte du Nord-Ouest, et particulièrement les tribus qui étaient établies sur les rives extérieures de l'île de Vancouver et de la péninsule Olympic, étaient maîtres de la navigation en haute mer, il arrivait souvent qu'il soit tout simplement plus prudent d'attendre que le mauvais temps passe. Un impatient rameur nuu-chah-nulth, capitaine du grand canot de voyage qui se trouve près de lui, scrute les eaux, à l'affût du signe qui lui indique que la tempête est sur le point de s'apaiser pour qu'il puisse rassembler son équipage et se remettre en route. Comme l'équipage ne partage pas la responsabilité du capitaine, il se repose dans l'abri de bois flotté qui se trouve plus haut sur la plage. Loin au sud, on peut voir un timide rayon de soleil qui suggère que le moment de remettre le canot à l'eau dans les vagues qui se calment n'est peut-être plus très lointain.
La longue rame de bois d'if à poignée étranglée et dont la large pale se termine par une longue pointe effilée est typique des rames utilisées par les Amérindiens de la côte du Nord-Ouest. Les rames étaient noircies en les passant dans la fumée après les avoir huilées. La pale était cimentée par une couche protectrice de feuilles de varech fixée sur le feu, ce qui laissait une bande décorative de bois non fumé sur la largeur de la pale. Le couvre-chef qui pend sur le dos du rameur et qui est retenu par une attache au menton est caractéristique des Nuu-chah-nulths. Il est tissé de racines d'épinette; le bord est peint en noir et des détails zoomorphiques stylisés rouges et noirs décorent la calotte. Les boucles d'oreilles sont faites de coquilles de dentalium, mollusque que pêchaient les peuples de la côte du Nord-Ouest et qu'ils échangeaient en grand nombre avec les tribus qui ne disposaient pas d'une source de ce coquillage recherché. La tenue du rameur est complétée par une couverture blanche de la Compagnie de la Baie d'Hudson qui est épinglée sur ses épaules. Ces couvertures étaient le survêtement habituel sur la côte au milieu du XIXe siècle. Elles ont remplacé les capes et les robes d'écorce de thuya traditionnelles pour s'imposer comme tenue commune des hommes nuu-chah-nulths.