Les artistes inuit utilisent fondamentalement les mêmes outils que les autres artistes. De 1948 à 1970, les sculpteurs employaient surtout des canifs, des limes et des outils faits à la main adaptés à leurs besoins personnels.
La technique utilisée pour réaliser une sculpture dépend de la matière os de baleine, ivoire, andouiller ou pierre et de ses caractéristiques. Dans cette présentation, Henry Kudluk, un artiste contemporain, a employé des techniques utilisées par les artistes, de 1948 à 1970, pour illustrer les cinq étapes de la réalisation de la sculpture d'un ours.
1. Le choix de la pierre
Rechercher des pierres à sculpter peut être laborieux. Les artistes doivent souvent s'éloigner de leur village en motoneige, en komatik (traîneau) ou en bateau. La pierre en elle-même n'a guère de valeur commerciale, et la principale dépense des artistes se trouve dans le coût du carburant pour se rendre jusqu'à la carrière.
2. Le façonnement initial de la pierre
Les sculpteurs inuit importent la plupart de leurs outils du sud du Canada ou d'autres pays. Par le passé, ils dégrossissaient la pierre à l'aide de haches de différentes dimensions. Aujourd'hui, ils se servent généralement d'outils électriques.
3. L'ajout des détails
Après le façonnement initial de la pierre, on définit davantage les lignes de la sculpture avec un ciseau, souvent sans l'aide d'un marteau. L'uvre devenant plus détaillée, l'artiste utilise un assortiment de limes pour parfaire la forme de la pièce. Une fois achevée, la sculpture est d'ordinaire lavée dans une cuve pour la débarrasser de la poussière et des fragments de pierre.
4. Le polissage
Si l'artiste est satisfait de la sculpture, il la polit. Comme le papier de carborundum ne se dissout pas dans l'eau, il est idéal pour polir les sculptures en pierre sous l'eau. L'eau sert de lubrifiant. Avec un papier de la meilleure qualité, l'artiste peut obtenir une surface très lisse et sans imperfections sur la plupart des types de pierre.
5. La finition
Il suffit de passer un linge sec sur les sculptures polies dans l'eau à l'aide de papier de carborundum. Les artistes du Nunavik emploient souvent du cirage à chaussures pour donner à leur pierre grise une couleur plus intéressante. Généralement, on recouvrait les sculptures très polies d'une couche de cire d'abeille, que l'on appliquait en chauffant la pierre avec une lampe à souder. Aujourd'hui, on se sert de fours à micro-ondes pour chauffer la pierre de façon égale.
Photographie: Harry Foster, Musée canadien des civilisations.
De 1948 à 1970, la gravure sur pierre et le pochoir étaient les techniques principales utilisées pour faire des estampes dans l'Arctique canadien. D'autres techniques sont venues s'ajouter depuis, dont la lithographie, la gravure, la sérigraphie, la gravure à l'eau-forte et l'aquatinte. La gravure sur pierre et le pochoir demeurent cependant importantes et sont souvent combinées.
La gravure sur pierre
La technique de la gravure sur pierre est une adaptation de la gravure sur bois, la pierre remplaçant le bois comme surface d'impression. L'image à imprimer est sculptée en relief sur le cliché.
Lorsqu'il fait une gravure sur pierre, le graveur reproduit généralement le dessin d'un artiste sur un bloc de pierre qui a été peint en blanc. L'image est alors redessinée à l'encre de Chine, et les surfaces qui ne doivent pas être imprimées sont enlevées au ciseau. À l'aide d'un blanchet de caoutchouc lisse, l'imprimeur encre l'image, commençant par les teintes claires et ajoutant par couches les nuances plus foncées.
L'encrage peut durer une heure ou plus, et il faut répéter le processus pour chaque estampe de l'édition. Une fois l'encrage achevé, une couche protectrice semblable à un pochoir est placée sur le cliché pour masquer les surfaces qui ne doivent pas être imprimées. L'image est maintenant prête à être imprimée sur papier.
Seul un papier de riz doux, par exemple le papier de mûrier, est assez absorbant pour une gravure sur pierre. On place le papier sur l'image encrée et on le frotte contre elle en variant la pression. Ensuite, on détache l'estampe et on la suspend pour la laisser sécher.
Photographie: Harry Foster, Musée canadien des civilisations