(Page 2) |
Tanu
James G. Swan s'est rendu à Tanu en 1883, tout juste cinq ans après Dawson. Il était accompagné de Kitkune, le fils du chef Gitkun, qui s'est proposé pour lui montrer la grande maison de son père :
Il est entré en faisant tomber une des massives planches, a rampé à l'intérieur et a déverrouillé la porte pour que le groupe de Swan puisse faire entrer son matériel [...]. L'endroit était immense, cinquante pieds [15 m] de longueur, avec des murs de huit pouces [20 cm] d'épaisseur. Le jeune Kitkune ouvrit une porte dérobée et révéla une chambre où étaient conservés les emblèmes sacrés du vieux chef. Le propriétaire hésitait à se défaire de beaucoup d'entre eux, et ne pouvait l'accepter qu'à prix d'or.
Swan écrit dans son journal : «J'aurais été prêt à passer plusieurs jours à Laskeek [Tanu], car ce village présente plus d'intérêt que tous les autres que j'ai vus.» Il voulait en savoir le plus possible et persuada Kitkune de lui montrer d'autres choses : «Le jeune Kitkune emmena Swan jusqu'à la tombe d'un de ses oncles, une petite construction située derrière la grosse maison. Le tombeau contenait une boîte sculptée avec recherche, deux fusils, des boîtes de munitions et le bâton sculpté que l'homme décédé tenait lorsqu'il distribuait des présents lors des potlatchs.»
|
Selon Bill Holm, ce mât d'intérieur de la Maison-où-il-est-facile-d'entrer, à Tanu, a été sculpté par l'artiste connu sous le nom de «Maître du canapé de Chicago». Ce mât appartenait à la femme du chef, et on y voit les emblèmes du Grizzli-de-la-mer de son père, le chef de Skedans.
Photo : Charles F. Newcombe, 1901. |
Pour la Columbian World Exposition de Chicago en 1893, Swan recueillit un mât central d'intérieur exceptionnel d'environ 5 m de hauteur, qui se trouvait dans la Maison-où-il-est-facile-d'entrer. Les emblèmes qui l'ornent appartiennent à l'épouse du chef, qui revendiquait des droits aux emblèmes du chef du village de Skedans. Après l'exposition, le mât a été confié au Field Museum, qui l'a vendu mais a conservé un bâton d'orateur unique (ayant la forme d'une défense de narval incrustée de coquilles d'haliotide) qui y était fixé. Le mât est passé d'une collection privée à l'autre avant d'être enfin acheté par le Musée canadien des civilisations. Le Field Museum a généreusement permis que le mât retrouve son bâton d'orateur, qui fait maintenant saillie sur le front du plus bas des deux Wasgo (ou Loup-de-la-mer). Le mythe associé à ce mât est celui du Wasgo, lequel vivait dans le lac qui se trouve derrière le village de Skidegate et pouvait se transformer en un être tenant à la fois du Loup et de l'Épaulard. Sur le mât, on voit le Wasgo dans deux états, avec et sans ses attributs d'Épaulard. D'après Bill Holm, le mât a été sculpté par l'artiste anonyme qu'il a surnommé «le Maître du canapé de Chicago». Plusieurs des mâts de façade recueillis par Swan pour l'exposition ont appartenu à divers propriétaires avant d'être acquis par le Musée canadien des civilisations.
Au moment du séjour de Swan, seules quinze personnes vivaient à Tanu. Les colonnes funéraires l'emportaient en nombre sur les mâts totémiques et les maisons des habitants.
|
Le mât d'intérieur de la Maison-où-il-est-facile-d'entrer, à Tanu, restauré et exposé dans la Grande Galerie du Musée canadien des civilisations. Le bâton d'orateur en forme de défense de narval, qui avait été séparé du mât pendant un certain nombre d'années, a été remis en place.
CMC VII-B-1797a (mât), CMC VII-B-1797b (bâton d'orateur) |
|