Un vaste éventail de récipients pour les festins, notamment des plateaux et des plats de service, étaient fabriqués au moyen de la technique du bois plié. Elle consistait à biseauter à la vapeur et à plier à trois endroits une planche unique, puis à fermer le tout par des chevilles de bois pour former le quatrième coin. Les fonds étaient mortaisés et fixés aux côtés par des tenons.

Les plateaux peu profonds et rectangulaires en bois plié étaient des objets courants lors des festins. Certains grands plateaux pour le service du poisson fumé ou rôti pouvaient mesurer jusqu'à 1,5 m de longueur. Les côtés étaient souvent en aulne et le fond généralement en cèdre rouge. Le bord était alternativement convexe et concave sur chacun des quatre côtés. La plupart des plateaux sont pourvus à chaque extrémité d'un support élevé à dessus plat sur lequel on posait les cuillers.

Plat profond en bois plié. Le dessin, peint à l'origine en noir et en rouge, représente une Baleine sur la tête de laquelle Namsimget est agrippé. Les grands plats de festin tels que celui-ci pouvaient contenir un saumon entier de plus de 20 kg. Recueilli à Skidegate en 1897 par Charles F. Newcombe. MCC VII-B-739 (S92-4266)

Une version plus profonde du plateau en bois plié se trouve être en fait un plat de service. On trouvait notamment de grands bols à soupe aux côtés bas et de profondes boîtes pour les baies ou les pommes sauvages dans l'huile d'eulakane. Ces plats en bois plié avaient souvent la forme d'animaux ou d'humains, les visages et les mains à une extrémité, les hanches, les jambes et les pieds à l'autre. Les côtés, qui sont bombés, ce qui accentue considérablement leur aspect zoomorphe, sont habituellement enjolivés de bas-reliefs ou de peintures bidimensionnels. Les figures sont à l'endroit sur la majorité des spécimens, mais sur certains elles sont à l'envers. Sur les plus élaborés d'entre eux, une face et une queue ont été sculptés aux extrémités, et les bras, les pattes et les articulations de la hanche sont figurés en bas-relief sur les côtés renflés. Il y a souvent tellement de mouvement sur ce genre de plat en bois plié qu'on les croirait vivants. Des couvercles en écorce de cèdre d'un tressage serré servaient à protéger les aliments de la poussière et des insectes.

Plat en bois plié avec son couvercle en écorce de cèdre tissée. La figure principale est celle d'un Épervier; à l'extrémité opposée, on voit une figure humaine à l'envers. Ce plat appartenait au chef Klue, de Tanu, qui l'apporta avec lui lorsqu'il alla s'installer à Skidegate. Recueilli à Skidegate vers 1900 par Charles F. Newcombe. MCC VII-B-740 (S92-4270)

Ces plats en bois plié hautement stylisés dérivent de prototypes en écorce de bouleau. Les grands panneaux à peu près carrés des extrémités rappellent les panneaux repliés des extrémités des anciens modèles en écorce de bouleau et constituent un excellent support pour la représentation de figures emblématiques, habituellement des faces d'animaux ou même d'humains en bas-relief. Des spécimens d'anciens récipients en écorce de bouleau trouvés sur les terrains humides du port de Prince Rupert ont plus de 2 000 ans. Aucun terrain humide n'a fait l'objet de fouilles dans Haida Gwaii, mais il semble indiqué de leur attribuer un âge minimal similaire.

Le bord est orné d'une bande d'un motif vertical de roseaux, qui rappelle également la façon dont étaient faits les anciens plateaux en écorce de bouleau, ainsi que d'operculés, de dents de loutre de mer, de coquilles d'haliotide ou de punaises en laiton. Sous le motif de roseaux, une surface très étroite est réservée au motif à lignes figuratives, ce qui montre jusqu'à quel point la face d'un être surnaturel peut être étirée. Sur certains récipients, elle est à l'envers, de sorte que le plat semble être la bouche grande ouverte de la créature. Ces plats étaient probablement utilisés pour servir de la soupe et des ragoûts à un certain nombre de personnes. Ils étaient étanches et on pouvait y cuire des aliments en faisant bouillir de l'eau au moyen de pierres chauffées.