À L'Assaut

ENGLISH

– «T’as entendu?» demandez-vous à Henri.

– «Entendu quoi?» réplique-t-il.

– «Ce qu’il a dit… «Nous être blessé…Nous avoir besoin d’aide.»… Personne ne parle comme ça! Un gars qui parle comme ça, il n’est sûrement pas de Montréal.»

À nouveau, vous entendez un éternuement provenant d’un endroit situé dans le No Man’s Land. Et alors, à votre grande surprise, vous entendez l’incontestable son de gens qui se  disputent. En allemand!

– «On y va!» criez-vous en découvrant votre fusil et en vous mettant à tirer sur des ombres disparaissant maintenant dans la nuit. Henri tire aussi et, bientôt, trois autres hommes et le lieutenant Denonville se joignent à vous. En moins d’une minute, le carnage est fini. De votre parapet, vous pouvez vaguement apercevoir les corps de trois ou quatre Allemands, gisant maintenant dans le No Man’s Land. Les autres, s’il y en avaient, ont fui.

– «C’était moins une!» dit le lieutenant Denonville avec un sourire.

– «Ouais, moins une!», répondez-vous.

– «Beau travail, les gars», ajoute-t-il. «Je vous fait remplacer dans une vingtaine de minutes.»

Le lieutenant Denonville et ses hommes n’avaient pas sitôt quitté votre poste que Henri s’assied sur la marche de feu et sort sa pipe.

– «Plus que quelques minutes avant le dodo» dit-il avec satisfaction.

– «Espérons que les Allemands en ont fini aussi» répondez-vous avec
inquiétude.