
Les bombes continuent de pleuvoir sur le secteur entier pendant des heures. Il n’y a rien que vous puissiez faire, sinon attendre que ça finisse et prier qu’aucun obus ne tombe sur votre
abri. Mourir sous les balles d’une mitrailleuse est une chose. Périr enterré vif en est une tout autre.
Soudain, les bombardements cessent.
Tous les hommes se trouvant dans l’abri s’observent avec intensité et quelques-uns se mettent même à rire tout haut.
– «Maintenant», soupire le jeune gars aux taches de rousseur, «je crois bien qu’on peut aller vous le chercher, ce fil.»
Moins de dix minutes plus tard, vous recevez une grande bobine de fil de communication, que vous devez maintenant, avec Henri, dérouler de l’arrière à l’avant du front. Quand vous serez arrivé, le fil sera coupé, puis branché à un téléphone, qui servira pour faire le compte rendu des mouvements de l’ennemi et pour demander des provisions.
Henri et vous titubez le long de la tranchée de communication, réduite alors à un fossé zigzaguant, coupé ici et là de cratères. Vous arrivez bientôt aux tranchées de l’avant, où vous rencontrez le sergent O’Malley.
– «Laissez le fil là et prenez vos fusils!», commande-t-il. «Les boches vont sans doute nous attaquer.»
Vous prenez votre poste sur les marches de tir, rejoignant des centaines d’hommes mettant en joue fusils et revolvers. Vous jetez un oeil sur le No Man’s Land et ne voyez qu’un champ dévasté, plein de grands trous et d’arbres tordus.
L’attente est épuisante, et silencieuse. Soudain vous apercevez, venu de nulle part, un gros nuage vert recouvrant le No Man’s Land, dérivant lentement vers vous.
À ce moment jaillit l’ordre, donné à tout le monde, de mettre les masques à gaz. Vous fouillez dans votre sac et en extirpez un entremêlement de caoutchouc et de verre. Vous constatez avec horreur, cependant, que les lentilles de votre masque sont craquées, ce qui vous rendra tout simplement aveugle.