À L'Assaut

ENGLISH

– «Sergent O’Malley!», murmurez-vous, en alerte. «Regardez… là-bas!»

Vous désignez du doigt un ensemble de petites boîtes de conserve qui ont été attachées aux barbelés. Si quelqu’un essayait seulement de se percer un chemin, les boîtes retentiraient bruyamment et avertiraient les Allemands. Vous frémissez de ce qui aurait pu arriver ensuite.

Le sergent fait signe de détacher les boîtes. C’est dangereux et douloureux, les boîtes ayant été attachées en plein milieu des barbelés. En frayant votre chemin entre les épines métalliques, vous trouvez le moyen de couper l’attache des boîtes tandis que le sergent et Henri en coupent une bonne demi-douzaine. Ayant ainsi pratiqué une voie entre les fils, vous rampez tous trois jusqu’au bord de la tranchée allemande, où vous arrêtez faire une courte pause derrière le parapet.

Vous écoutez attentivement, attentif à tout bruit ou signe de vie provenant de l’intérieur de la tranchée. Le sergent O’Malley, lentement, monte les yeux au-dessus du parapet, jette un oeil à gauche, à droite, puis lentement, il se laisse glisser dans la tranchée ennemie. Il vous fait ensuite signe à tous deux de le suivre.

C’est de la folie, pensez-vous en votre for intérieur. De la pure folie! Vous trois contre l’armée allemande toute entière! Ça finira soit avec une balle dans le ventre ou par un séjour
prolongé dans un camp allemand de prisonniers. Tout ça ne vaut pas seulement que deux semaines de permission.

Tous les trois, vous avancez en silence dans la tranchée ennemie, les fusils pointant dans tous les sens. Soudain, vous entendez le son bien reconnaissable de voix allemandes provenant de l’un des abris. D’après ce que vous pouvez en juger, le ton de la conversation, à l’intérieur, est plutôt jovial, bien qu’étouffé.

Le sergent O’Malley se tient dans l’entrée de l’abri et vous fait signe de le suivre à l’intérieur. Vous prenez une profonde inspiration, serrez votre fusil des deux mains et suivez vos camarades.

– «Mains en l’air les Fritz!», ordonne le sergent O’Malley à un groupe d’Allemands à l’allure rude et à moitié abrutis. Lentement, les soldats ennemis lèvent les bras et se lèvent. Vous pouvez en compter au moins une douzaine. C’est la première fois que vous voyez l’ennemi de si près et c’est avec surprise que vous constatez qu’ils semblent aussi fatigués et misérables que vous-même. L’abri est jonché de sacs à dos, de casques et d’un bizarre assortiment de fusils et de boîtes. Vous voyez aussi de nombreuses photographies de famille fixées à des têtes de lits et un tas de papiers recouvrant le dessus d’une petite table de bois.

– «Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?», s’enquiert Henri avec gêne.