À L'Assaut

ENGLISH

En dépit de la courte distance qui vous sépare de la sécurité, vous décidez de rester où vous êtes, à l’exemple du sergent O’Malley. Le tir des obus s’intensifie cependant et, à votre
consternation, l’un d’eux atterrit en plein dans le cratère où se trouve Henri, qui est tué sur le coup. Vous fixez sans vouloir y croire le trou, d’où émane maintenant de la fumée. Cette horrible manière de perdre votre meilleur ami vous laisse en état de choc.

Entre-temps, le sergent O’Malley a donné le mot de passe aux sentinelles dont les nerfs sont à vif, dans le poste d’observation avancé. Ce dernier obstacle éliminé, le sergent O’Malley vous crie de le suivre pour traverser les quelques pieds qui vous séparent de la sécurité. Le tir incessant des obus vous tire de votre torpeur et vous réussissez à sortir de votre trou et à
atteindre vos propres lignes. Immédiatement, le lieutenant Denonville et une demi-douzaine d’hommes vous escortent dans un abri proche, où un verre plein à ras bord de rhum vous est tendu. Sérieusement secoué et bourrelé des remords que suscitent la mort de votre ami, vous videz trois verres remplis du liquide brûlant avant de vous effondrer sur une couche se trouvant près de vous. Vous sortez ensuite une poignée de documents ramenés de l’abri des Allemands et les tendez au lieutenant Denonville, qui les traduit rapidement.

– «Que voulez-vous que je fasse de toutes ces lettres d’amour?» demande-t-il, incrédule.

Des lettres d’amour, pensez-vous. Dire que Henri est mort pour une poignée de lettres d’amour allemandes! Si vous n’étiez si fatigué, vous pourriez presque trouver cela drôle.  Cependant, vous vous sentez gagné par la léthargie et le sommeil. Enfin vous fermez les yeux, l’écho distant des explosions d’obus se répercutant dans votre tête tandis que vous vous endormez.